MAUDE MARIS

La peinture devient une entreprise de ré-épaississement de la photographie, particulièrement en ce qui concerne les objets, puisque, si certains ont un traitement tout à fait opaque et crémeux, d’autres se jouent de la transparence et laissent apparaître leurs couches successives…” a-t-elle déclaré récemment lors d’une interview. Et d’ajouter : “Cohabitent ainsi dans la même toile, des objets consistants et d’autres, presque évanescents, et comme j’ai toujours à l’idée la notion de sculpture, cela leur donne des poids différents”. Dans une triangulation entre les médiums, ses oeuvres sensibles génèrent des émulsions rêches dans des truchements saisissants évoquant autant la figure de la vulnérabilité que des statures précaires faits d’intrigants secrets s’inscrivant dans une continuité narrative. Elles révèlent des analogies formelles s’appuyant sur un horizon flottant reliant le geste primitif au champ de l’universel. En effet, la démarche artistique de Maude Maris (Photo ci-dessous Crédit@VincentFerrane) dépasse le périmètre réduit de la toile dans un détachement renforçant la technique picturale. Le regardeur appréciera ces degrés d’abstraction et ces arrières-fonds lissés pour créer un dégradé reconstituant un espace indéfini. On aime tout particulièrement ces décompositions mentales en strates successives de l’image que l’artiste parvient à atteindre avec des moyens volontairement précaires. Mais aussi cette atemporalité permettant des interprétations mouvantes où l’élément architectural croise les idéaux du vestige !