FABIENNE AUDEOUD

Je n’oserais pas définir le goût populaire, je ne sais pas ce que c’est. Je suppose que c’est quand un objet se définit non par sa forme mais par sa réception. Cette sensation de gêne m’intéresse, je n’arrive pas à voir pourquoi c’est ringard. C’est la crainte de quoi en fait …? “ A-t-elle déclaré il y a environ cinq ans. Et d’ajouter dernièrement ceci : “Si mon travail est critique, ce n’est pas par dénonciation mais toujours par une prise de responsabilité jouée et si certaines des pièces sont “dramatiques” la plupart sont basées sur une logique de l’humour, d’émotions perturbées et perturbatrices plutôt qu’un commentaire ironique”. S’articulant autour des notions de relations de pouvoir - en particulier à travers le langage - son cheminement interdisciplinaire aborde la question de l’impuissance de l’art comme action dans la société. Ses oeuvres et ses pièces, elles, s’inscrivent dans des actes performatifs et traitent de la place politique des femmes dans l’interprétation d’un “possible” où interfèrent des injonctions sociales positivistes mais aussi des connotations religieuses et culturelles. En effet, la démarche artistique de Fabienne Audeoud (Photo ci-dessous Crédit@Fabienne Audeoud) se pense - via les médiums de la vidéo, de la sculpture et de la peinture - en terme de situation de ce qui se joue. Le regardeur appréciera ces plaisirs visuels désespérés et volontaires exprimant une vulnérabilité retranscrite autant dans le geste que dans l’action. Mais également ces éléments lyriques du registre sonore pris souvent comme des marqueurs sociaux livrant une intensité propre à la pratique musicale où la projection d’affects dévoile des sculptures vivantes saisissantes. On aime tout particulièrement cette pratique - jamais cynique et sans jugements moraux - révélant ce caractère conceptuel renvoyant fréquemment à la pensée de Robert Garnett, de Graham Harman ou encore de Daniel Harris. Comme pour mieux nous dire que l’improvisation sur laquelle est fondée la recherche de l’artiste est “un moyen pratique et théorique de trouver et/ou de créer un espace dans lequel elle peut intervenir, où une action est possible, où un geste peut être testé, joué, incarné”. Où peut être inventé finalement une forme d’”empowerment” !