ROXANE DAUMAS

Au Maroc, j’ai retrouvé des architectures à la fois inattendues dans le paysage et mortifères. Il en existe en Roumanie, en Croatie, en Grèce et plus proche de nous à Aix-en-Provence. Elles suscitent un sentiment d’inachevé avec cette question immédiate de se demander ce qui a pu se passer, est-ce que des gens sont morts, quelles sont les circonstances qui ont contribué à l’abandon des chantiers…” a-t-elle expliqué dernièrement. Et d’ajouter : “Ma conception du dessin n’est pas un travail sur le trait mais sur la valeur. Quand je dessine je ne pense qu’à la lumière”. Interrogeant les espaces en transition, son dessin fantasme les noirs en retravaillant et en sculptant chaque zone de l’image pour extraire l’essence. Révélant l’empreinte de l’activité humaine dans des sites singuliers, ses oeuvres qui renvoient au médium de la photographie nous parlent de l’impact de la désindustrialisation et des stigmates du temps. En effet, la démarche artistique de Roxane Daumas (Photo ci-dessous Crédit@OlivierMonge/Myop) renvoie à une image photographique toujours “triturée” par l’artiste dans le sens du dessin afin de la détériorer complètement. Elle aborde la question de l’intériorité de lieux à l’état d’abandon dans une définition de la ruine saisissante. Le regardeur appréciera ces travaux dans lesquels la plasticienne projette sa propre expérience des espaces et où opère une forme d’appropriation troublante. On aime tout particulièrement ces picturales gommes bichromatées dévoilant des colosses de béton qui viennent offrir une double lecture à la fois sociétale et esthétique. Dans un double jeu d’attraction et d’angoisse, d’ouverture et d’enfoncement !